Mon rêve familier

Auteur


Paul Verlaine

(30/03/1844 - 08/01/1896 )

Texte


MON RÊVE FAMILIER


Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même,
Ni tout à fait une autre, et m’aime, et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.


Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix lointaine et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.


PAUL VERLAINE.

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Enregistrements

Données du texte

Titre : Mon rêve familier
Recueil : Le Parnasse contemporain
Sous-titre du recueil : Recueil de vers nouveaux
Date de l'édition : 1866


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