TE VOILÀ, MON PETIT AMANT


Te voilà, mon petit amant,
Sur le grand lit de ta maman.
Tu gambades, tu te trémousses,
Tu jettes des ruades douces ;
Tu pétris mon cou dans ta main,
Tu baves ton lait du matin,
Jeune allégresse de la terre.
Tu me trouves belle et légère,
Tu m’aimes, nous nous caressons,
Nous avons les mêmes façons

De rire aux poudres de lumière
Qui dansent dans la chambre claire.
Je peux t’embrasser, te tenir,
Soupeser ton bel avenir.
Bonjour, ma petite statue
De sang, de joie et de chair nue.
Mon petit double, mon émoi,
Je me touche en pressant tes doigts.
Laisse que j’effleure ta joue,
Je bois les bulles de ta moue,
Je te palpe avec mes baisers.
Ne bouge plus. Viens reposer
Sur moi ta fatigue endormie ;
Sois comme ma main engourdie
Qui me paraît, restant à moi,
La main d’un autre. Je suis toi.